C'était hier…


Chambre claire ou chambre noire ?

Ah, la PhotoGraphie, quel beau métier, quelle poésie! D’Aristote à Nicéphore Niépce en passant par Alhazen, Léonard de Vinci, quelques érudits et alchimistes, nous voici à l’ère de l’image numérique, du virtuel, l’Aventure ne fait jamais que commencer…Ici, des appareils utilisés par la famille depuis les années 50 et quelques souvenirs


Camera oscura


Années 50 et tout début des années 60

Dans mes toutes jeunes années, cette avec cette « camera oscura », cette chambre (peu) pliante, que j’ai vu Jean, mon père, effectuer les portraits en studio. Alexandre, mon grand-père, avait fabriqué le socle, sorte de pied très costaud sur roulettes.
Cette chambre fonctionne encore, l’objectif, le soufflet ainsi que le dépoli à l’arrière sont impeccables. Ci-contre, le rendu de l’image sur le dépoli n’a subi aucune retouche.











Comment ça fonctionne ?

D’abord régler le diaphragme (la grandeur du trou par lequel la lumière va passer) sur l’objectif, la valeur est choisie par déduction en fonction de l’expérience, puis effectuer la mise au point avec les molettes latérales afin de déployer ou de replier le soufflet (presque comme un accordéon).
Ensuite, placer le cache objectif : plus aucun flux lumineux dans la boite, rien que du « sans lumière ».
Fixer alors derrière le dépoli, un dos en bois dans lequel on a glissé auparavant un plan film aux sels d’argent (ici du 18x24cm) bien à labri de la lumière, puis enlever le volet protecteur du dos. L’appareil est prêt à jouer.
Le cœur battant, ôter le cache objectif, sans faire bouger l’appareil, et… compter 1 crocodile, 2 crocodiles ,3 crocodiles… jusqu’à ce que l’on estime le temps idéal en fonction du sujet et de la luminosité.
Replacer doucement le cache objectif sans faire bouger l’appareil, glisser le volet protecteur entre le dépoli et le dos et désolidariser celui-ci de la chambre pour l’amener en chambre noire afin d’y retirer le plan film et de l’y développer.
Mon père ne s’est pas servi longtemps de cette imposante machine. Très vite il a acquis une chambre plus légère, plus maniable et plus avancée techniquement. À chaque séance de prises de vues, entouré de spots paraboliques de diamètres divers dont un énorme qui m’impressionnait à chaque fois, il disparaissait sous un grand voile noir et, tout en agitant la main gauche pour capter l’attention du sujet, il déclenchait silencieusement de la droite à l’aide d’un long câble relié à l’appareil aujourd’hui disparu.


Les p'tits rouleaux


Les rouleaux de double support (papier/film) sur bobines plastiques ou métalliques – Les films 127, 620 et 120

De marque Voiglländer, voici un des appareils utilisé par Marie-Madeleine, la soeur de mon père. En bas à droite sur l'image, dans son étui en cuir, une cellule pour mesurer la lumière avec précision.











De marque Franka, voici un rescapé du stock du premier studio et magasin, « Natural Photo », ouvert par Marie-Madeleine et Jean sur la place de Barvaux sur Ourthe le 1er avril 1954.
Pour la petite anecdote, j’ouvre les portes de mon tout nouvel « Atelier PhotoGraphique TOUR66 », le 1er Avril 2004. Cinquante ans jour pour jour après « Natural Photo ». Et ce n’était pas des poissons…











Les années 70

Quant au vieux Rolleiflex ci-dessous, je devais avoir entre une quinzaine d'années quand il servait encore avec ses deux petits frères, un Mamya et un Yaschica,  pour les reportages de mariage. Ces deux derniers ont malheureusement rencontré la convoitise d’un amateur peu scrupuleux.
Le rouleau en bois est un de ceux qui servaient à enrouler les longs rubans papier de photos développées qu’il fallait d’abord rincer à la main dans une bassine d’eau claire avant de les faire passer dans la glaceuse automatique. Venait ensuite la découpe photo par photo aux différents massicots suivant l’aspect des bords souhaité.












A 4 ans, je reçois mon premier appareil photographique. C’est une petite boite en Bakélite noire, style les Brownie de chez Kodak, qui prenait des rouleaux 127 (je crois) et donnait des négatifs carrés 4×4. Je ne me rappelle plus de la marque et je ne l’ai plus. Il a été remplacé, vers 10 ans par un Instamatic Kodak qui lançait la mode des films en cassette, les films 126, lui non plus je ne l’ai pas gardé. Vers 12 ans, à ma communion, je me suis vue offrir un Agfamatic Sensor, je passais aux films 135, des petits bandes de film roulées dans un étui dur qui donnaient des négatifs 24x36mm et qui avaient l’avantage de proposer jusqu’à 36 ou 37 vues sur un seul film. En fait, dès cette époque, je fricote déjà avec le Yashica 24×36 paternel, un « réflex » à objectifs interchangeables, c’est à ce moment qu’un jour je me vois confier la « mission », pour moi s’en était une, de réaliser seule (mon père était sur un autre reportage ce jour-là) mon premier reportage de mariage professionnel.

En étui métallique


Les rouleaux de film unique en étui métallique
Les années 70 – 80 – 90

Voici le dernier réflex 24×36 argentique dont je me suis servie en portrait et en reportage. C’est un Yashica muni d’une optique Contax dont les lentilles, fabriquées par Carl Zeiss, permettaient une qualité d’image identique voire supérieure à celle atteinte par certains boîtiers plus haut de gamme.











La marque du boîtier disparaît sous un tape noir, étrange !
À l’époque, il était de bon ton d’annoncer ses compétences et son professionnalisme en arborant mine de rien un boitier Nikon et surtout Canon, la classe suprême de l’élite friquée étant bien entendu en petit format, le Leica. Lassée des quolibets d’amateurs soi-disant éclairés s’étonnant haut et fort en pleine assemblée apéritive que je n’utilise QUE un Yashica, j’ai préféré l' "anonymiser" plutôt que de fournir à mes détracteurs une explication non méritée vu leur dédain et arrogance affichée. OK, c’était un peu puéril… je n’avais après tout qu’une vingtaine d’années.
Je rêvais d’un jour travailler avec un Hasselblad, La Rolls des appareils photographiques. Avec ce moyen-format, acceptant les roll-films 120 et 220 et couplé exclusivement aux objectifs Zeiss, les résultats étaient époustouflants. Beaucoup de photographes travaillant pour les grands magazines utilisaient ce matériel, notamment pour la mode, l’architecture et l’habitat, l’illustration…
Après moult épargnes et labeurs, début des années 80, j’ai pu acquérir d’occasion chez un photographe de Stavelot qui prenait sa pension, ma première valise métallique dans laquelle se trouvait, emmailloté dans une mousse taillée sur mesure ; un boitier 500C, 3 objectifs, 2 magasins, 1 filtre jaune pour le grand-angle et une petite bague macro. Par la suite, les 2 optiques chromées, très recherchées car devenues rares, ont été revendues un bon prix, ce qui m’a permis d’acheter un boitier plus récent mais toujours d’occasion.
À gauche, le nouveau boitier d’occasion (2000FCW) et à droite mon nouveau et dernier boitier acheté neuf celui-là (203FE).
Planar 2.8/80mm – Planar 1.2/110mm – Distagon 2.8/50    Tous trois traités T*
Divers magasins dont le dos Polaroid, modules de batteries, doubleur de focale et flash Hasselblad



















Petite pensée émue pour Luc, le technicien de la marque à Bruxelles puis à Suarlée. Disponible, compétent, toujours de bon conseil et tout en patience lorsqu’il s’agissait de « placer » mes sous, toujours un peu rikiki, dans un matériel qui devait rencontrer toutes mes attentes ainsi que celles de mes clients.









Merci aussi aux autres techniciens et employés ainsi qu’à Monsieur Tielemans, le patron de la boîte qui m’a soutenue par diverses démarches et arrangements financiers lors de la réalisation de mon spectacle audio-visuel sur Mozart. A.V. réalisé début des années 90 uniquement en diapositives 6×6 projetées avec un parc de 6 projecteurs pilotés par TEAC à grandes bandes analogiques.

L'aujourd'hui numérique


Le bouleversement du numérique

Il est arrivé sans crier gare la majorité des revendeurs-photographes qui avaient vécu les mini poussées de nouveautés se bousculant l’une l’autre pour finir par s’effacer avec plus ou moins d’élégance, marketing oblige (Pocket, Polaroid, Kodak Disc, appareils jetables), n’y ont vu cette fois encore qu’un énième feu de paille alors qu’il s’agissaient d’une révolution, véritable entrée dans une autre dimension.
Voici mon premier appareil numérique utilisé conjointement avec le matériel Hasselblad. Ce petit Sony cachait bien son jeu. D’apparence anodine, il n’offrait pas moins l’avantage d’un zoom intéressant 8x optique (nous sommes en 2007/2008 ?), d’une optique Zeiss et d’un mécanisme à bascule pour redresser les lignes fuyantes verticales. C’est avec lui qu’en 2009 je vais commencer à réaliser les plus émouvantes Évocations PhotoGraphiques.












Aujourd’hui, je n’utilise plus d’Hasselblad, les formats 24X36 numériques full frame des marques-phares comme Canon et Nikon sont arrivés à une qualité telle que le maniement plus lourd du moyen format ne se justifie plus, snif ! Je regrette tout de même l’incomparable planar 1.2/110mm pour le portrait, mais bon, c’est la vie !
À présent
Nikon D800E avec deux optiques fixes
Nikkor 1.4/85mm
Carl Zeiss Distagon 2.8:21mm (une merveille).













FUJIFILM X-Pro1 avec 4 optiques fixes et un petit zoom
Fujinon 2.4/60mm
Fujinon 2/18mm
Fujinon 2.8/14mm
Fujinon 1.4/35mm
Fujinon 2.8-4/18-55mm


La percée fulgurante


La percée fulgurante des smartphones équipés aujourd'hui (2023) de capteurs de haut niveau.

Les smartphones ont ratissé large le métier de photographe.

D'un coût relativement abordable pour leur facilité d'emploi et d'impression ainsi que leur multiples possibilités, ces bêtes de scènes et autres selfies ont contraint une majorité de professionnels à fermer leur porte.

Toutefois, travailler avec des appareils dont les "capteurs" réalisent des prouesses techniques ne remplace pas la "vision" de l'œil humain. Celui du photographe dans l'âme, c'est le cas de le dire, reçoit l'image non seulement dans toutes les cellules de son corps par ses neurones — aussi bien celles du cœur que des intestins, notre "deuxième" cerveau ou celles de la peau —, mais surtout avec son unique parcelle d'EspritAmour telle qu'il se la découvre, la soigne et la nourrit.

Son incarnation d'âme est une alchimie métaphysique de la conscience corps-cœur-esprit avec laquelle aucune "machine" ne peut rivaliser, fusse-t-elle supérieure aux performances humaines qu'elle ne peut que copier et surpasser en surface.

Ainsi Agapè*, l'intériorité lumineuse créatrice d'où jaillit Paix et Joie (l'AgaPaixJoie comme je dis) reste(ra)-t-elle fermement inaccessible à l'intelligence artificielle. "Intelligence artificielle" est d'ailleurs un oxymore ; l'artificiel peut être ultra performant mais il ne peut jamais être intelligent.

L'homme se plaît à la performance, elle vaut son prix mais elle doit garder la place d'un moyen et non d'une finalité.

Le but de l'éphémère humain n'est-t-il pas de se découvrir Fils de l'insondable Vivant ? En outre, tous les "moyens" les plus précieux mis à sa disposition pour cela lui sont offerts gratuitement à chaque instant.

* Du grec ancien, ἀγάπη, évoquant l'amour divin (inconditionnel), l'AmourSource, en distinction d'Érôs, Ἔρως, (charnel, passion, pulsion de vie à double tranchant) et de philia, φιλία, (amitié, camaraderie).

En route vers de nouvelles Aventures…

À l'Atelier

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Pas d'exposition prévue ce mois-ci

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